D'après les prévisions de l'ONU, la population mondiale devrait atteindre 8,5 milliards de personnes en 2030, puis 9,7 milliards en 2050.
Pour réussir à nourrir tout ce monde, la FAO, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, estime que la production alimentaire devra augmenter de 60 %. Petit tour d'horizon des pistes explorées pour relever ce défi de taille, alors que les ressources ne sont pas infinies et que notre alimentation est à la fois une cause et une victime du réchauffement climatique.
Au cours des dernières décennies, la science-fiction et les récits d'anticipation ont imaginé toutes sortes de perspectives alimentaires plus ou moins futuristes, avec robots, cuisines automatisées, molécules nourricières, boissons nutritives ou même terrifiantes galettes de « Soleil Vert », comme dans le film pas franchement optimiste sorti en 1973. Aujourd'hui, force est pourtant de constater que l'avenir de l'alimentation pourrait trouver son salut... dans le passé ! Plusieurs produits largement consommés autrefois reviennent en effet au goût du jour pour leurs vertus nutritionnelles, agronomiques et écologique.
Depuis que la FAO a déclaré 2016 « Année Internationale des Légumineuses », on n'en finit pas de redécouvrir les vertus de celles que l'on appelle aussi « légumes secs », à l'origine d'un vaste et savoureux éventail de recettes populaires. Véritables concentrés de nutriments, avec notamment une forte teneur en protéines végétales, pois chiches, lentilles, haricots et autres pois ont également la capacité de capter l'azote de l'air et de le restituer par leurs racines. Qui dit mieux ?
Les graines et céréales, dont la diversité s'est réduite au fil des siècles dans nos assiettes, sont de nouveau plébiscitées dans toute leur multiplicité. On assiste notamment au retour de variétés anciennes, longtemps délaissées au profit d'espèces plus productives ou lucratives. Plusieurs chefs vantent par exemple les mérites du fonio, une céréale originaire d'Afrique de l'Ouest, très nutritive, capable de pousser dans des conditions difficiles et vite arrivée à maturité. En Provence, le petit épeautre a fait son grand retour il y a déjà plusieurs années.
Dans les campagnes comme en ville, les plantes sauvages comestibles séduisent de plus en plus de cueilleurs curieux ou passionnés. Mauves, pissenlits, ail des ours, orties et autres bettes maritimes composent un herbier gratuit et amusant. Celui-ci est complété par les champignons qui, entre règne végétal et règne animal, sont dotés de formidables propriétés nutritionnelles et peuvent pousser dans des espaces habituellement délaissés, avec des méthodes agronomiques propices à la réduction des déchets.
D'autres aliments envisagés par les penseurs de l'alimentation du futur sont plus surprenants, certains parce qu'ils ne sont pas – ou peu – consommés en Occident, d'autres en raison de leur innovation radicale par rapport aux nourritures humaines traditionnelles.
Les algues, consommées en Asie depuis plusieurs millénaires, sont très riches en nutriments (vitamines, minéraux, fibres, protéines, oligo-éléments...), tout en ayant des bienfaits écologiques puisqu'elles produisent de l'oxygène, ne squattent pas les sols et n'ont besoin ni d'engrais, ni d'eau douce. Toutes ne sont pas comestibles, mais celles qui se mangent sont à l'origine de recettes séduisantes, à découvrir par exemple dans Algues gourmandes. Les vertus de la mer sont dans l'assiette (Régine Quéva, Flammarion) ou Vive les algues ! Saveurs iodées pour recettes gourmandes (Hugo Morel, Trop Mad).
Depuis la nuit des temps, plusieurs milliards d'être humains se régalent de coléoptères, sauterelles, criquets, vers, chenilles, termites ou fourmis, que ce soit en Afrique, en Amérique ou en Asie. L'entomophagie – consommation d'insectes – reste taboue en Europe et en Amérique du Nord, où l'on se régale pourtant de crevettes ou d'écrevisses. Les insectes constituant une source importante de protéines, avec une faible empreinte carbone et un coût modique, pourquoi ne pas les mettre au menu, en commençant par exemple par des farines pour s'y habituer en douceur ?
La viande de synthèse in vitro, produite dans des laboratoires à partir de cellules prélevées sur des animaux, fait parler d'elle depuis quelques années. Elle promet à la fois sécurité alimentaire et fin des abattoirs. Elle en est cependant encore au stade de l'expérimentation, et l'idée d'une agriculture sans paysans, certainement lourde d'un point de vue environnemental en raison des technologies de pointe qu'elle met en œuvre, est loin de convaincre dans l'état actuel des choses – une affaire à suivre.
Enfin, les poudres nutritives, gélules-repas ou barres alimentaires, qui ramènent à la science-fiction du XXe siècle, intéressent certaines entreprises. Ces substituts, qui fourniraient tout ce dont le corps a besoin mais signifieraient aussi la fin de la cuisine et de la convivialité, ne nous inspirent qu'un cri désespéré venu du fond des âges : au secours !